JUILLET 2019

 

 

Fr. Léo fignole les travaux

Lundi, 1er : Le crépuscule matinal couvert est maintenant mis en valeur par un éclairage de sécurité à l’avant du monastère ; les arbres sont magnifiques.  Je pensais que les ratons laveurs s’éloigneraient de cette lumière, mais ils semblent apprécier les longues heures de pâturage.  Sur le côté du monastère, le nouvel éclairage est juste au-dessus du niveau de l’œil, ce qui produit une touche d’originalité dans le style « Hogan’s Heroes » à l’extérieur.

Mardi, 2 : Le Frère Henry est allé se faire soigner les pieds aujourd’hui, à Moncton, et pour une fois, les spécialistes étaient de vrais experts.  Le Frère Stephan a nettoyé le stationnement sous la rangée d’arbres qui a été taillée de façon spectaculaire récemment.  L’odeur du bois est agréable, mais le vrai test dans le monastère est de savoir comment les anciens vont réagir.

Mercredi, 3 : Un prêtre retraitant est récemment sorti se promener et il a décidé de couper une partie de notre rhubarbe pour nous.  Il était gentil.  Tandis qu’un autre prêtre retraité s’installait pour un séjour, notre Simone lui a servi avec zèle du croustillant à la rhubarbe,

Jeudi 4 : Un chrétien évangélique a passé quelques jours en retraite ici.  Il est toujours frappant d’avoir quelqu’un comme lui parmi nous quand nous prions les psaumes par exemple : souvent mystérieux, souvent édifiant, on se demande d’abord si nous nous connaissons bien en tant que catholiques et si nous sommes ouverts.

Vendredi, 5 : Notre camion miracle ‘Lariat’ est allé faire revitaliser ses pneus et son système d’échappement dans le sympathique garage à la sortie du village.  Nous avons de la pluie, mais pas du genre dont la terre a besoin.  Elle s’est considérablement réchauffée, mais Bede réussit à parcourir trois milles à vélo en après-midi.

Samedi, 6 : D’autres problèmes mécaniques ont été décelés sur le ‘Lariat’. Continuez à camionner ! (Keep on trucking) comme on disait dans les années soixante-dix.  L’hôtellerie est entrée dans une période de torpeur sans aucun retraitant, ce qui se remarque lorsque nous prions les heures.  L’alternance entre l’accueil des personnes et une plus grande solitude fait-elle de nous de meilleurs hôtes le moment venu ? Difficile à dire.

Dimanche, 7 : Des climatiseurs ont été installés dans certaines chambres d’hôtes cette semaine, sans savoir dans quelle mesure ils seront testés.

Lundi 8 : Maurice, notre cuisinier, s’est aventuré dans notre serre odoriférante, ce matin, à la recherche d’ingrédients frais pour nous.  Dom Innocent a visité l’ermitage près du lac.  Le Frère Stephan s’est mis à la tonte des nombreux coins de notre gazon.

Mardi 9 : Dom Innocent est à assembler une nouvelle liste de tâches et d’occupations communautaires actuellement dévolues aux moines.  Le Frère Léo a presque terminé la lecture d’un volume de Garigou-Lagrange qui en aurait rebuté plus d’un !

Mercredi 10 : Bede progresse dans la production du nouveau graduel pour la messe, comprenant tout ce que nous chantons à la messe.  Pour cette tâche, il trouve des cahiers, des porte-livres et tout le matériel dont il a besoin, vendu comme fournitures de bureau.  Dans le cas présent, le cahier sera plutôt de petit format.  Ce soir, une famille est descendue à la grotte et, hors de vue, on pouvait entendre les joyeuses exclamations des enfants alors que l’aigle volait au-dessus du lac et que nous pouvions entendre les cris des aigles.

Jeudi 11 : Fête de saint Benoît aujourd’hui, l’une de nos deux solennités monastiques estivales.  Chaque mois de juillet nous apporte une occasion de comprendre saint Benoît, l’office du jour étant développé autour de son héritage d’une manière simple qui donne tout son sens à ce qui est une communauté.

Vendredi 12 : Le nouveau monastère de nos sœurs avance rapidement.  Contrairement à d’autres projets de construction, celui-ci n’a pas attiré l’attention de beaucoup de curieux. Elles seront certainement installées avant les premières neiges. 

Samedi 13 : Dans le but d’aider à remplir l’espace de la cour Nord du monastère (où un cloître devait être construit si une église séparée avait été érigée), Steve a transplanté de la colline un petit frêne vert.  À un moment donné autrefois, un moine de l’époque s’intéressa fortement à l’arboriculture et planta des arbres qui étaient nouveaux pour nous, ce qui

Notre Serre en Pleine Production

explique la présence du frêne.

Dimanche 14 : À l’offertoire de la messe, Steve joua de la musique d’Ennio Morricone, extraits de la bande sonore du film La Mission.

Lundi 15 : Notre Père Immédiat, Dom Clément est arrivé pour la visite régulière.  La nature bisannuelle de l’événement peut aider une personne à réfléchir sur la vie et ce qui l’entoure.  Étant donné la rareté des visites monastiques ici, recevoir quelqu’un comme Clément aide à nous réorienter et apporte une certaine joie.

Mardi 16 : Très tôt ce matin il y avait un faible brouillard sur le lac.  Les hirondelles volaient aussi haut qu’elles le peuvent, c’est-à-dire au moins aussi haut qu’il est possible de les voir.  La visite 2019 ayant été proclamée ouverte lors d’une réunion matinale, chacun de nous a rencontré Clément pour le tenir informé et pour partager avec lui tout ce dont nous voulons lui parler.  Clément profita de la semaine pour se rendre à Moncton afin d’inclure le Frère Henry dans le processus.

Mercredi 17 : Dom Clément nous fit part de son expérience lors des récentes réunions de la commission centrale à Cîteaux où l’on décida de l’ordre du jour du Chapitre général de l’Ordre en 2020.

Jeudi 18 : Le Frère Glic a peint des lignes jaunes devant l’hôtellerie pour indiquer les aires de stationnement.  La dame qui distribue le courrier a fait un brin de causette aujourd’hui.  Ce soir nous avons eu un repas festif avec Clément, nous avons parlé durant le repas qui était par ailleurs délicieux.  Vaisselle après avec seulement quelques moments avant l’office de complies suivi du coucher.

Vendredi 19 : Nous nous sommes réunis ce matin à 10h00 dans la salle du chapitre.  Com Clément lut la carte de la visite qu’il avait rédigée, la signa et la visite fut déclarée terminée.  Il agit réellement comme un frère parmi nous durant son séjour.  Il prit le long chemin de Mistassini en milieu de matinée apportant avec lui des tomates de nos serres. Il prétend que les frères de Mistassini sont friands de tomates.  L’après-midi fut tranquille ; une quiétude nouvelle qui suit la visite canonique.

Samedi 20 : D’autres retraitants sont arrivés du Québec pour une courte retraite.  Un retraitant de l’Île est parti non sans nous laisser une belle carte de remerciements.  Le Père Bede fit une balade en bicyclette ce matin.

Dimanche 21 : Il fait chaud avec un ciel nuageux, l’atmosphère ne s’est pas rafraîchie durant la nuit de sorte que tout rappelle un brouillard de pollution flottant sur la ville.  Parce que les croix dans notre cimetière sont en voie de réorganisation, le gazon n’a pas été tondu, mais il est plutôt beau avec ses trèfles blancs et mauves.  Le Frère Henry avait l’habitude de dire aux gens que « c’est le cimetière le plus heureux au monde ».  Il était conscient que sa remarque ne manquait pas d’humour, mais c’était sa façon de promouvoir la vie monastique ; en d’autres mots, il suggérait qu’il n’y a pas de meilleure façon de vivre et de mourir.

Lundi 22 : Le Frère Steve tente l’expérience de chanter le psaume et l’alléluia à la messe depuis l’orgue plutôt que de se rendre à l’ambon lorsque c’est son tour.  L’essai semble concluant.

Mardi 23 : Maurice, notre cuisinier, est entré de bonne heure pour faire du pain.  Le Frère Léo s’est rendu à Miramichi pour consulter un médecin.  Celui-ci, fils d’un missionnaire, a grandi dans un milieu missionnaire très austère.  Je me demande parfois s’il existe une allégresse propre aux missionnaires parce que ce médecin semble la posséder tout comme d’autres que j’ai connus. Une stabilité ; aller au-delà des questions superficielles.  En soirée, une famille qui pratique l’élevage des poulets nous a rendu une courte visite, tout comme une personne de Gibsons, C.-B., là où le film ‘The Beachcombers’ a été tourné.

Mercredi 24 : Bede et Steve se sont rendus à Moncton aujourd’hui où ils ont pu visiter le Frère Henry.  De nouveaux bacs de fleurs placés ici et là sur la pelouse devant le monastère sont d’un bel effet.

Jeudi 25 : Les nuits sont inhabituellement fraîches ; les journées, cependant, suffisamment chaudes.  Steve a rencontré des personnes cette semaine dans l’intention d’améliorer l’infrastructure du monastère si possible.

Vendredi 26 : Le Frère Léo a rendu visite à son médecin attitré aujourd’hui pour la première fois depuis des mois.  La visite s’est bien déroulé et son état général déclaré bon.  Sur le chemin du retour, le Frère Léo a pu voir le projet de construction des Sœurs.  La nouveauté de cette entreprise est telle, pour elles, que le spectacle de l’édifice en construction est tout à fait spécial.

Samedi 27 : Une jeune religieuse est ici en retraite en préparation pour ses vœux perpétuels.  Elle n’était pas venue ici depuis des années et elle était très heureuse de s’y retrouver de nouveau.

Dimanche 28 : Les réservations à l’hôtellerie pour le mois d’août diminuent. Bede estime que cela est probablement parce qu’un autre événement éclipse la neuvaine du 15 août, c’est-à-dire le Congrès mondial acadien qui dure deux semaines à la mi-août.  J’ai constaté que la seule mention du nom du prêtre de Moncton qui prêchera la neuvaine cette année peut être une source de réjouissance.  Il s’adaptait tellement bien ici il y a quelques années lorsqu’il était pasteur de la paroisse.

Lundi 29 : Le Frère Glic a remorqué le gros réservoir d’eau à la lisière du jardin pour l’irriguer.  Un tapis roulant pour exercices est apparu aujourd’hui près de la porte arrière, et il sera bientôt installé à sa place, mais laquelle ?

Mardi 30 : On travaille pour mettre les croix du cimetière au même niveau.  Dans nos nombreuses fenêtres, les araignées se sont installées une fois de plus.  Leur attitude de prêtes au combat ne semble pas varier, mais peut-être ont-elles une meilleure vie qu’il nous semble.

Mercredi 31 : Un cueilleur de baies chevronné depuis de nombreux étés est arrivé de la Miramichi aujourd’hui pour faire ses provisions, mais aussi pour causer un peu de sa vie ; la vie en général lui semble un peu déprimante en ce nouveau siècle, sans pour autant le décourager. « C’est ce que c’est », dit-il.  Il se mit à l’œuvre ; les baies n’avaient aucune chance !