Même les moines ont hâte au déconfinement
Publié le 5 mai 2020Rattrapage du mardi 5 mai 2020

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07 h 19
Même les moines se tombent sur les nerfs en confinement !
Durée :17:23
Le frère Étienne, Stephan Hewitt de son vrai nom

PHOTO : RADIO-CANADA / MICHEL NOGUE

Même les frères trappistes de Rogersville au Nouveau-Brunswick, de véritables professionnels de la solitude, ont hâte que le confinement établi en raison de la COVID-19 prenne fin.

Au monastère Notre-Dame du Calvaire, les frères trappistes ont l’habitude de vivre à l’écart de la société et dans la solitude. Après tout, ils en ont fait le choix.

Nous on a choisi l’isolement volontaire en venant ici au monastère. On a choisi, ce n’était pas imposé sur nous. Nous sommes solidaires avec les gens qui en souffrent beaucoup plus, a expliqué le frère Étienne, Stephan Hewitt de son vrai nom.

Malgré tout, la pandémie et le confinement affectent aussi les trappistes, mais l’impact est plutôt de nature économique.

Ça nous affecte un peu même si on est en isolement constant. On a quand même un certain rapport avec l’extérieur, comme notre hôtellerie par exemple et aussi l’assistance à nos clients communautaires et les messes communautaires pour les gens de la région. Donc, tout est fermé depuis quelque temps et ce n’est pas normal pour nous, a précisé le moine.

un monastère
Le monastère Notre-Dame du Calvaire à Rogersville

PHOTO : RADIO-CANADA / MICHEL NOGUE

Les frères trappistes produisent et vendent aussi du poulet en temps normal, mais en raison de la pandémie la demande est moins grande.

Même si les trappistes ont choisi l’isolement, ils doivent eux aussi s’occuper pour passer le temps. Ils travaillent à la ferme ou au jardin. Rester au lit toute la journée, c’est trop difficile.

On vit la routine, c’est un peu curieux, mais la routine peut nous porter des fois, alors que chez beaucoup de familles et les gens dans la société, c’est un gros changement pour eux, a rappelé le frère Étienne.

Être en isolement peut entraîner des conflits, et ce, même pour les frères qui ont choisi cette vie.

On est une poignée de gens ici qui viennent de différentes cultures et de différents âges. On a choisi la communauté, mais on n’a pas choisi de vivre avec la personnalité de mon frère. On doit être prêt à accepter des personnalités qui nous tombent sur les nerfs des fois.un homme dans une grange

Frère Étienne

En fait, les conflits ne sont pas si rares. Le frère Étienne dit même qu’il pourrait en écrire un livre. Le secret pour passer à travers ces chicanes de confinement est la patience selon lui.

Des fois, le plus qu’on peut faire c’est d’être cordiale et d'être gentil, même s’il n’y a pas grand communication. Avec le temps, des fois, les blessures se guérissent jusqu’à un certain point. Il n’y a rien comme le temps et de maintenir une certaine cordialité, et d’éviter la vengeance et l’amertume, a confié le frère Étienne.

Notre dossier : La COVID-19 en Atlantique
Un coup la pandémie terminée, les frères trappistes aimeraient bien obtenir une aide financière, mais en tant que communauté religieuse ils ne cadrent dans aucun programme. Ils aimeraient tout de même recevoir de l’aide puisqu’ils forment une entreprise, en quelque sorte, et embauchent normalement huit personnes à Rogersville.

D'après un reportage de Michel Nogue