Avril 2019

Lecture en Commun

Lundi 1er : Le mois d’avril étant arrivé, le pire de l’hiver ayant plus ou moins pris fin, nous voyons des visages que nous n’avons pas vus depuis longtemps à l’hôtellerie.  Au fur et à mesure qu’on se rattrape, les dimensions positives des choses de la vie qui leur ont fait du bien sont souvent frappantes.

Mardi 2 : Le puissant Ford Lariat est revenu de Miramichi après avoir été « dorloté » par Towne Ford.  Le Frère Léo a commencé à lire une des biographies de Dom Vital Lehodey (1857-1948) de Bricquebec.  Cela l’a amené à commenter sur les abbés généraux qu’il a connus, bien que Lehodey n’en soit pas un.  Dom Gabriel Sortais était un abbé général très proche des membres de notre Ordre au niveau local ; il semble avoir eu beaucoup d’entrain.

Mercredi 3 : Le Frère Glicerio a renouvelé ses vœux pour un an ce matin.  Toute une journée de neige et de pluie s’est abattue sur nous.  Le Frère Henry cependant a pu rendre visite comme prévu à son dentiste au sourire perpétuel.  Le bâtiment professionnel ultramoderne dans lequel le dentiste a son cabinet a un vitrage sans fin qui permet d’admirer d’un seul coup d’œil la splendeur de la nature.

Jeudi 4 : Sur des routes qui n’étaient pas encore très bonnes après la journée d’hier, le Père Roger s’est rendu à Moncton aujourd’hui voir le Frère Henry ainsi que Mère Jean-Marie Howe.  Alors que nous approchons du premier anniversaire de la dernière traite des vaches, notre comptable était sur le point de mettre au point certains détails de nos comptes 2018, avec ses changements inhabituels, ses ventes aux enchères, ventes directes, etc. 

 Vendredi 5 : Le Frère Léo a repris la récitation du premier psaume après l’invitation à vigiles, son office préféré.

Samedi 6 : Le Frère Stephan a réparé la poubelle à roulettes utilisée pour le recyclage.  L’horaire des Jours saints à venir a été affiché récemment et comme d’habitude, il semble que nous glissons à travers le temps en cette période de l’année.

Dimanche 7 : Le Père Bede a donné une bonne homélie ce matin.  Les meilleurs moines-homéliste que j’ai connus donnaient de brèves homélies, ce qui a été le cas ce matin.  L’exception serait le regretté Padre Angelo, de Tre Fontane, dont les merveilleuses homélies ex-temporelles accompagnées d’une gestuelle ample, mais jamais exagérée, étaient tout sauf brèves, mais on savait d’instinct qu’il aurait pu parler encore plus longtemps et qu’il aurait été écouté avec cœur.

Lundi le 8 : La statue extérieure de la bienheureuse Vierge Marie, renversée par accident cet hiver, est tout juste visible sous la neige, le visage tourné vers le ciel.  Un panache de fumée s’est élevé de la serre ce matin ce qui signifie que le Père Innocent a enchaussé ses plantes.  Ce soir, nous avons appris le décès subit d’un membre de Val Notre-Dame, le Frère Lucien Noël, qui était venu ici il y a quelques étés et qui était au centre de la famille monastique au Canada.

Mardi le 9 : Le Père Innocent s’est rendu à Moncton aujourd’hui et il a vu le Frère Henry.  L’un des hymnes que nous chantons durant les principaux offices est « Sur les chemins de dissemblance », étiqueté comme convenable pour le carême et Noël ; il s’agit de la dissemblance à Dieu qui devient ressemblance, et un enfant mystérieux qui se réveille ; ou perdu et retrouvé ; ou blessé puis se réjouissant. 

Mercredi le 10 : Le livre audio que nous écoutons au déjeuner, Pope Francis Happiness in this Life, compre

nd de nombreux extraits et de brèves discussions familières.  C’est un livre conçu pour la vente et, en ce sens, il offre des signes de que les gens apprécient du pape.  Peut-être que l’une des raisons pour lesquelles les gens s’adressent à lui est qu’il incarne dans leur cœur l’art de lâcher-prise de ce qu’ils désirent et pour lequel ils s’évertuent simplement parce qu’ils sont humains.

Jeudi le 11 : Visite au Frère Henry cet après-midi à Moncton où un homme de 105 ans revenait tout juste de déjeuner avec des amis ; voilà la recette pour rester heureux après 100 ans !  L’extérieur de la cathédrale de Moncton fait toujours l’objet d’un travail méticuleux, son échafaudage bien arrangé en est venu a sembler être presque à sa confondre avec la cathédrale.

Vendredi le 12 : Le Frère Glic a lavé les véhicules aujourd’hui.  Un jeune animal a traversé le lac cet après-midi, une route habituelle qui, dans un jour ou deux, pourrait ne plus être praticable en ce qui concerne la fermeté de la glace.  Était-ce un original ou un cerf ?  Le Frère Léo opta pour un orignal, car un cerf aurait eu meilleure mine.

Samedi le 13 : Le Père Bede a renouvelé la réserve eucharistique à la messe de ce matin.  La première répétition de chant en vue de la Semaine sainte a eu lieu après laudes ; elle conditionne toujours nos oreilles.

Dimanche le 14 : Un ami gérontologue et auteur, ami du Frère Léo, est venu pour une retraite, et il était heureux de la revoir.  Il faisait suffisamment chaud, tout à coup, pour que les gens s’assoient dehors pour lire.

Lundi 15 : La statue de la Sainte Vierge Marie a été remise sur son socle aujourd’hui, devant l’hôtellerie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La liste des repas à l’hôtellerie indique que le nombre augmente d’une bonne douzaine de personnes durant les jours saints, puis qu’ils baissent un peu après la matinée pascale.

Mardi 16 : Le Père Innocent s’est rendu à Moncton aujourd’hui où, après un repas avec le Frère Henry, il participa à la messe chrismale et autres événements connexes.  La messe du soir dura deux heures.  À son retour, il alluma un petit feu dans le poêle de la serre chaude.  L’aigle si cher au Frère Léo est réapparu aujourd’hui, perché sur sa branche habituelle, tandis que Léo poursuivait sa lecture d’un livre qui traite de la quiétude intérieure et que l’auteur lui a donné.  Aujourd’hui, le Frère Léo a interrompu sa lecture pour évaluer les similarités possibles entre deux concepts : la paix intérieure, la quiétude intérieure.

Mercredi 17 : Le Frère Stephan qui a des aptitudes en soudure, a adapté de nouveau notre camionnette de la ferme en ajoutant des barres au plateau de chargement. 

 

 

 

 

 

Le Père Bede s’est rendu aujourd’hui à Miramichi suite à un rendez-vous médical.  Les retraitants commencent à arriver, mélange intéressant de spiritualités, de milieux et de personnalités.  Quelques résidants de Miramichi sont ici pour partager pleinement quelques jours saints sans rien perdre bien que leurs résidences ne soient pas éloignées.

Jeudi 18 : Les répétitions de chant sont plus fréquentes ces jours-ci.  Le Frère Stephan fait une observation aujourd’hui sur les différentes façons ont les monastères plus petits font usage lorsqu’ils sont confrontés au petit nombre de chantres ; il dit que l’on trouve parfois de petits monastères dans lesquels on essaie d’égaler le son qu’ils produisaient autrefois en chantant plus fort, mais le procédé n’est pas utile.

Vendredi 19 : Ici au moins la neige fond graduellement et il s’agit d’une fonte plus douce que nous voyons souvent, un peu de vapeur s’élève de la neige aujourd’hui, la terre sentant bon sous les nuages et l’humidité.

Samedi 20 : J’ai fait une recherche sur notre monastère sur Google et j’ai constaté que l’image sur la carte projette assez exactement le contour de notre lac, montrant où il se décharge, ce qui n’est pas évident aux visiteurs debout devant la façade extérieure.  Le mot «Trappistes » est écrit là où le monastère fait face au lac.  Le lac, lui, porte la mention ‘Trappist Fathers Pond’ (Étang des pères trappistes), ce que je n’avais jamais entendu.  Il reste que le vocable est agréable.

Dimanche 21 : Privé de ferme laitière et dorénavant sans exigences nocturnes, le début de la vigile pascale a été repoussé cette année à trois heures du matin, une autre vigile fraîche à l’extérieur où le feu pascal fut allumé.  Les participants à cette célébration se comparaient en nombre à ceux des offices diurnes, ce qui était réconfortant.  La messe dominicale du matin à huit heures.  Durant la semaine, les moines se remémoraient les années durant lesquelles nous mettions à l’essai une célébration autonome de la lumière pascale en veillée, juste avant de prendre notre repos de la nuit (mais pas la flamme !).   C’était un puissant symbole en soi, mais qui pour une raison ou une autre, ne devint jamais populaire.

En train de préparer la veillée pascale – Fr. Glic et P. Roger

Messe de Pâques

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lundi 22 : À la suite du départ de plusieurs retraitants en quelques jours, il est frappant de constater en regardant en arrière ce que le monastère signifie pour différentes personnes.

Mardi 23 : Au chapitre, le Père Innocent a partagé le conseil de Pâques du Pape François : rangez vos soucis dans votre vieux sac à dos … du moins pour le temps pascal.  Il a rappelé une vie d’échanges, de rires, de malheurs occasionnels, toutes conditions pour être heureux.  Un cerf de Virginie est apparu juste au sud du monastère, broutant dans un champ où l’herbe commence à peine à pousser.  Il surveillait attentivement son environnement ; trop loin pour être photographié  de façon conventionnelle, il me regardait droit dans la fenêtre.  J’ai subi un moment d’attente en ville aujourd’hui.  Les gens m’interrogeaient sur les changements réels ou imaginaires dans les communautés ici.  Il fallut dissiper certaines idées fausses, mais je soupçonne que ça ne durera pas longtemps.  Il m’est venu à l’esprit qu’une soif de vérité, jumelée à une aversion pour la vérité, est à la base de tous les commérages.

Mercredi 24 : Le Frère Stephan a fait l’essai d’une charrue pour le tracteur dont il a récemment terminé le réaménagement en préparation pour l’hiver prochain.

Jeudi 25 : Alors que les inondations printanières atteignent leur point culminant dans la province, le Père Roger a dû se rendre à Fredericton ce matin pour une réunion des producteurs de volailles nécessitant un détour d’une demi-heure dans les deux sens à cause des routes fermées, mais il était à l’heure pour sa réunion.  Le Frère Henry a vu son dermatologue ce matin à Moncton et il m’a livré son opinion sur l’art dans la salle d’attente et sur le regretté réalisateur Federico Fellini que Henry déteste.

Vendredi 26 : Le Frère Stephan et le Père Bede sont venus voir le Frère Henry aujourd’hui, pour le plus grand plaisir de celui-ci.

Samedi 27 : Comme nous sommes dans le temps pascal toute la semaine, nous avons chanté plus que d’habitude à la messe.  Il y a des sacs de paillis à l’avant de toutes les couleurs en préparation pour le printemps.  Le Frère Glic a enlevé les branches sur le sol dans le verger, mais la neige intermittente a ralenti ce processus.

Dimanche 28 : À la messe ce matin, il y avait une légère odeur de fumée de bois provenant du poêle de la serre.  Plaisant ! Le créneau horaire de 8h00 semble avoir légèrement amélioré la messe dominicale en ce qui concerne la participation de la communauté locale.  Il est heureux que le Frère Léo soit de nouveau présent pour l’antienne de communion ; ce sont de beaux textes à cette période-ci de l’année.

Lundi 29 : Bris d’un tuyau et fuite d’eau au-dessus de la cage d’escalier principal à l’ouest.  Le Frère Stephan a récupéré du lac le monument flottant portant une croix en mémoire de feu le Père Didier, d’Aiguebelle.  La croix s’était éloignée de l’endroit où elle est normalement amarrée et elle se dirigeait vers la vanne du déversoir.

Mardi 30 : Un musicien professionnel est ici en retraite.  Il aime prier.  Les travaux d’assainissement des terrains sont commencés mobilisant quelques moines, et rapidement la cour commence à perdre son air hivernal.