AOÛT 2019

Jeudi 1er : Aujourd’hui le Frère Stephen a tiré en haut de la grotte un arbre qui était tombé.  Un retraitant a été frappé par la puissance évocatrice de son retour à l’hôtellerie.  Des détails différents de l’environnement originel évoquent clairement les moments passés ici il y a des années de cela.  Au-dehors, la plus récente vague de chats semble avoir produit de meilleurs chasseurs qu’auparavant.

Vendredi 2 : Nous avons mangé de la bette à carde fraîche ce midi.  Notre lecture au réfectoire « First World Flight » ne manque pas de moments dramatiques, et son axe spécifique ajouté à l’engouement d’un admirateur de l’aviation offre une fenêtre unique ouverte sur des années très importantes dans l’histoire du monde.

Samedi 3 : Un fonctionnaire provincial nous a rendu visite cette semaine dans le but d’étudier nos opérations commerciales avec nous.  Également cette semaine, Innocent et Steve ont vérifié un nouveau véhicule potentiel.  Le Frère Léo a subi des journées difficiles, car il est atteint du zona.

Dimanche 4 : La luminosité change avec l’arrivée du mois d’août, brisant la perception intemporelle de la lumière solaire combinée à la chaleur, bien que celles-ci persistent.  La soirée du dimanche signifie adoration et bénédiction du Saint Sacrement, une façon de terminer la semaine qui, d’une certaine manière, rassemble tous les moments de la semaine en un seul. 

Les anciens au cloître.

Les croix au cimetière

Lundi 5 : Le Frère Léo se repose après son attaque de zona.  Plusieurs personnes en provenance de l’Ontario ont visité le monastère aujourd’hui et, au moment où nous avions terminé la vaisselle après le repas du midi, nous les avons trouvé assis en prière dans la chapelle.  Le Père Jason Touchie est arrivé pour une retraite ; il est en poste à Rome, en Italie,  la plupart du temps.  La petite case au bord de la route dans laquelle nos journaux français et anglais sont déposés est tombée à la renverse.

Mardi 6 : La Transfiguration du Christ avec son mélange de mystères est célébrée. Jason est frappé par le rythme de vie relativement tranquille de Rogersville.   Au chapitre, Dom Innocent continua de commenter le chapitre de saint Benoît qui traite du cellérier du monastère, en notant son rapport avec le climat émotionnel du monastère.

Mercredi 7 : Durant la période de calme qui précède l’Assomption, au moins quelques personnes ont assisté à l’office de sexte aujourd’hui.  Étant donné l’importance culturelle de l’Assomption ici, son imminence suscite à la fois un sentiment de renouveau et d’histoire ou d’enracinement.

Jeudi 8 : Les parents Boyd et Jeannette Touchie sont ici actuellement.  Le genre humain à la conquête des airs tel que raconté dans First World Flight dont nous écoutons la lecture au réfectoire aura été une heureuse et une malheureuse avancée, compte tenu du contexte de la guerre.  Cette semaine, nous avons aussi appris comment l’on devient un champion pilote de course ; c’est une question de s’entraîner à « penser rapidement, mais à réagir lentement, avec aisance et sang froid. »

Vendredi 9 : Un mur est en voie de démolition entre deux pièces dans l’annexe pour créer un espace dans lequel le tapis de course sera installé.  Des réunions d’affaires ont été tenues cette semaine entre nous ainsi qu’avec des consultants externes.  Nos Sœurs nous ont aimablement invités à un barbecue la semaine prochaine pour la solennité du 15 août.

Samedi 10 : À la suite d’une expédition à bicyclette, Bede a pu constater que les champs de blé d’Inde environnants vont produire une superbe récolte à cause d’un été fort sec.  La grotte, que les moines visitent rarement, attire de nombreux visiteurs, ce qui incline certains à s’interroger sur la cause de cette attraction ?

Dimanche 11 : Jason a goûté à un beigne produit par l’empire canadien des cafés-restaurants, mais il l’a trouvé trop sucré.

Lundi 12 : Pendant que la matinée s’épanouissait paisiblement, le Frère Léo a dû retourner à l’hôpital de Miramichi.  C’est peut-être la même chose partout : les ambulanciers de la région sont toujours joviaux, presque de la famille, ce qui du point de vue de la santé ne peut qu’être bénéfique.  À l’hôpital tandis que Léo attendait d’être vu par un médecin, un autre patient avec une histoire difficile à raconter gravitait vers lui tout en parlant et il réussit à sourire. Léo est retourné au monastère au monastère en soirée, ce qui  était mieux que ce à quoi il s’attendait.

Mardi 13 : Au chapitre ce matin, nous avons entrepris la carte de la visitation et surtout d’un thème récurrent ; la communication.  La discussion autour de ce sujet a révélé une richesse de perspectives.  L’hôtellerie se remplit à l’approche de la solennité du 15 août.

Mercredi 14 : Ce matin, le congélateur-chambre est tombé en panne ; cependant, les techniciens sont arrivés dans leur camion distinctif très tôt dans la journée pour rétablir les choses.  En temps normal, le Nouveau-Brunswick et Rogersville en particulier, sont des endroits amicaux en tout temps, mais à l’approche de l’Assomption c’est comme si des murs que ne savions pas être là avaient tombés.

Jeudi 15 : Juste avant midi, nous nous sommes rendus chez les Sœurs.  Nous avions une belle journée d’été, presque parfaite.  Deux tables à pique-nique dont l’une était extralongue accommodèrent tout le monde à l’ombre. En arrière-plan, on voyait leur nouveau monastère prendre forme et tout était paisible.  C’était la dernière fois que nous récitions l’office avec elles dans leur chapelle actuelle.  Mis à part les joyeux rires, il y a beaucoup à gagner quand on parle avec les Sœurs, et pas assez d’occasions pour le faire.  C’est peut-être ce facteur qui nous rend plus attentifs.

Vendredi 16 : Cette semaine, le Frère Glic enleva les excroissances devant la roche qui sert de monument aux moines.  Par la même occasion, les broussailles autour de la statue du Sacré-Cœur furent taillées et le Frère Steve transporta une impressionnante charge de broussailles.

Samedi 17 : Le Frère Steve travaille à un point crucial du chemin, là où le tunnel désormais inutilisé passait sous la route pour accommoder les vaches.  Le Frère Léo supporte des problèmes de santé avec sagesse et, bien souvent, avec humour.

Dimanche 18 : Parmi un groupe inhabituel de retraitants cette semaine, il s’en trouvait un du New Jersey, l’État natal du Frère Stephan. Il lui fit cadeau de jolis souvenirs du New Jersey.  Il a fallu du bois pour réparer la passe à poissons une fois de plus cette année.  Un retraitant a campé pour la nuit cette semaine, avec succès, près de la passe, bien que beaucoup croyaient que les ratons laveurs lui auraient fait la vie dure.

Lundi 19 : En dehors de la chapelle, la sonorité de la fin du mois d’août semble parfaite.  C’est sans doute à cause de l’humidité et du calme auxquels s’ajoute l’air chaud de la nuit à ce temps-ci de l’année ; une combinaison parfaite pour écouter les grillons ou la longue note d’un oiseau isolé.

Mardi 20 : Au cours de la messe solennelle pour célébrer saint Bernard, nous avons chanté le Cunctipotens Genitor Deus Kyriale que nous ne chantons pas souvent.  D’autres messages nous sont arrivés à l’occasion de la Saint-Bernard et que nous n’attendions pas, provenant de diverses provinces et pays.  Nous avons réussi à communiquer avec les actuels fabricants du baume Monacad, qui était autrefois un produit fabriqué commercialement ici autrefois.  C’est une bonne chose, car les gens recherchent constamment Monacad et ils s’imaginent que nous devons nécessairement tout savoir au sujet de Monacad.

Mercredi 21 : Un jeune catholique de la ville est ici pour un peu de solitude.  Assis dans la chapelle et réfléchissant, je me suis posé la question : comment un jeune catholique réagit-il dans une ville en 2019 ? Dom Innocent a eu un examen de la vue à Miramichi aujourd’hui.  Le Frère Stephan a assisté aux funérailles à Rogersville de l’une des fondatrices de l’Association Les Amis des Trappistes, Lucie Thébeau.  Une grande joie émanait d’elle lors de ces premières rencontres  de l’Association ; c’était un encouragement pour le supérieur de l’époque.

Jeudi 22 : Il a plu et ce fut plaisant de voir de nouveau la chaussée mouillée.  Au chapitre, on a distribué les exemplaires  des nouveaux livres pour la messe – deux volumes – élaborés par le Père Bede. Ils contiennent tout ce qui se trouvait dans les anciens livres, sauf les pages que nous n’avions pas chantées depuis des années.

Vendredi 23 : Les Frères Stephan et Glic ont mis une touche finale aux travaux routiers ; le tunnel en pierre concassée sous la route est désormais soutenu par une poutre en bois.  La cafetière Keuurig a mystérieusement fait défaut durant un nettoyage de routine.  Le Frère Glic a solutionné le problème simplement en débranchant l’appareil puis en le rebranchant de nouveau.  Des visiteurs de France ont vu le Calvaire pur la première fois, mais de l’intérieur et de l’extérieur.

Samedi 24 : Un matin d’août vaporeux.  Un chant d’oiseau faible et bref ce matin ; c’est peut-être leur plus beau chant.

Dimanche 25 : L’homélie de Bede sur le danger qu’il y a de s’exclure soi-même du paradis a capté l’attention de tous.  J’ai songé que des prêtres aînés sont ceux qui parfois peuvent évoquer des sujets avec lesquels les gens peuvent se sentir incompatibles.

Lundi 26 : Le père Bede a ramassé le lavage de la communauté dans les corbeilles du 3e étage et au sous-sol et il a procédé à la lessive hebdomadaire.  Plus tard dans la journée il était de retour à la réception où les ventes de confitures et de miel continuent d’être bonnes.  Je suis allé à Moncton pour assister à des funérailles dans mon habit de moine, et j’ai été surpris par l’intérêt que les gens qui reconnaissent l’habit manifestent toujours pour nous à la suite de nouvelles nous concernant ; la vente du troupeau laitier en particulier.  L’événement est encore frais à leur mémoire.

Mardi 27 : Le Frère Stephan a apporté les grosses portes rouges extérieures à Moncton en espérant qu’elles pourront être sauvées des avaries causées par l’eau.  Il se peut qu’elles doivent être remplacées, bien qu’elles ne soient pas vieilles.  Le Père Bede l’accompagnait ; ils en ont profité pour rendre visite au Frère Henry.

Mercredi 28 :  Les longues matinées du mois d’août avec un ciel coloré sont comme une invitation à quelque chose de plus.  À la messe, la schola est revenue à ce qui était habituel ici, c’est-à-dire retourner dans les stalles après  l’oraison plutôt que de rester près de l’orgue jusqu’après l’Évangile.

Jeudi 29 :  Un écrivain passe quelques jours au calme ici ; il fignole les dernières pages d’un nouveau livre.  Aujourd’hui, nous avons eu une bonne pluie conséquente qui a duré presque toute la journée, et ce soir les grillons manifestent bruyamment leur satisfaction.

Vendredi 30 : La pluie d’hier a fait fleurir des milliers de petits pissenlits  aujourd’hui.  À Sexte aujourd’hui, plusieurs jeunes gens étaient présents.  C’étaient des séminaristes en route pour le séminaire Saint Augustine, à Toronto.  Plusieurs personnes s’informent de l’état de santé du Frère Léo.  Il se repose confortablement, jovialement, après une attaque de zona suivie d’une infection.  Il assiste à la messe quotidienne.

Samedi 31  : En prévision de dimanche, demain, Bede a changé les pages de lectures dans le cartable des vigiles.  Il imprime ces feuilles lui-même. Au troisième étage, la chambre d’angle ouest, vide depuis la retraite du Père Clovis, est en cours d’aménagement pour un moine.