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MAI 2015
Vendredi 1 - Père Adrien a quitté l'hôpital
de Miramichi pour le Foyer Assomption de Rogersville. Un pas en avant. Avec sa barbe plus longue, tous ne l'ont pas reconnu,
comme par exemple, les infirmières de la clinique..
Samedi 2 - Bien que nous n'ayons pas
raclé les abondantes feuilles, l'automne dernier, elles n'ont pas l'air si mal, même après
la neige et la fonte.
Pour la première fois, hier, un peu de soleil se reflétait sur le lac.
Dimanche
3 - La mère de père Graham recommande la prudence sur les routes en raison des chevreuils. Cette alerte
a été transmise au père Clovis, qui se met en route demain pour les confins du Québec.
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| Frère Henri |
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| Père Maurice |
Lundi 4. Père Innocent, aidé de frère
Glicerio, creusaient des trous le long de notre potager pour y mettre de nouveaux poteaux métalliques pour les plants
de framboise. Père Clovis, aumônier chez nos sœurs, a filé dans sa Ford Focus, juste avant le déjeuner.
Il se dirigeait vers Havre Saint-Pierre, au Québec, endroit qu'aucun d'entre nous n'a encore visité,
pour y remplacer un confrère Eudiste pendant quelques semaines.
Mardi 5. Avec Maurice Gallant,
Frère Michael examinait le cimetière des moines: les croix de bois blanches, n'ont plus très bonne
allure. Il est peut-être temps d'envisager quelque chose de nouveau. Ce cimetière est près de la porte
arrière du monastère, en face de l'étable.
Mercredi 6. Un tuyau a éclaté
dans la buanderie de l'annexe, inondant en partie le corridor. Heureusement que nous avons un aqua-vac. Un ami de passage
à l'hôtellerie nous a laissé des copies supplémentaires d'un numéro récent
du New Freeman, où notre père Innocent parle de sa vie et de l'appel à la vocation. Lui et frère
Henri partagent la même expérience de jeunes à l'école : la lecture d'une description de
la vie monastique les a finalement saisis de manière définitive.
Jeudi 7. Le film Earth
Days de Robert Stone ce soir, racontait la naissance en 1969 du Catalogue de Toute la Terre, dont tout hippy doit se souvenir.
L'absence de Clovis oblige l'un de nous à se rendre chaque jour chez les sœurs pour y célébrer
la messe ; nous restons quatre moines et deux moines-prêtres pour notre messe quotidienne. Pour une raison quelconque,
lorsque nous avons « diminué », cette semaine, la fréquentation des laïcs a augmenté
!
Vendredi 8. Frère Glicerio, ce matin, déblayait les branchages du verger. Il y en
avait beaucoup. Il a utilisé pour cela la Yamaha Mule, qui avait jadis été achetée pour permettre
à frère Henri de faire chaque jour le trajet à son ermitage.
Mindy, la vache qui aura son premier
veau dans les prochaines semaines, a été retirée du troupeau laitier, où elle était allée
pour se faire une idée de cette vie, et installée au clôt de vêlage : un cadre de vie plus élégant,
mais dans lequel elle ne se faisait pas tout de suite, préférant y pourchasser deux autres vaches plus anciennes.
Samedi 9. Quand nous sommes descendus pour le dîner, une femme inconnue se promenait, demandant
où était le miel. Elle a expliqué qu'elle avait entendu dire que le miel que nous vendons était
meilleur que tout autre. Voyant que le magasin était fermé, elle avait décidé de rouler du côté
du monastère, et entrer pour obtenir des réponses. Nous sommes donc allés lui ouvrir le bureau du portier,
où elle a en acheté cinq pots.
Dimanche 10. Au Foyer l'Assomption de Rogersville,
Arthur Doucet est également résident. Arthur a été pendant de nombreuses années l'homme
à tout faire au monastère, charpentier et grand ami des moines. Il a pu y retrouver père Adrien, qui
dit bien aimer le Foyer.
Lundi 11. Chaque lundi, un des deux principaux cuisiniers
commence sa semaine de travail. Nos cuisiniers improvisent parfois de nouvelles recettes pour nous. Aujourd'hui, pour
couronner un bon repas, nous avions une salade avec une délicieuse vinaigrette-maison au citron. Père Adrien
se rendait à Miramichi aujourd'hui pour revoir le chirurgien qui avait opéré son pied en mars. Ce
chirurgien est un homme de peu de mots ! Le pied de P Adrien semble être en bonne voie de guérison.
L'installation
géothermique reste en pause : la semaine dernière, certains bruits encourageants étaient entendus à
l'intérieur, mais il s'agissait de Lucien réparant la porte de la salle de musique une fois encore,
mais pas de reprise des travaux sur les nouveaux appareils de chauffage.
Mardi 12. Frère Michael
fabrique une chaise Viking en deux morceaux de bois et l'installe sur le côté du lac. Elle paraît bien
et est confortable. Il appert que l'ermitage au bord du lac a dû être rénové en ce qui concerne
le plancher. Cet ermitage est installé au bas d'une colline, directement sur l'eau et était jadis occupé
par Dom Alphonse pendant son temps comme ermite.
Mercredi 13. Les champs sont mouillés de pluie
et de neige fondue. En mai, la ferme recommence l'important cycle de plantation: retourner la terre dans les champs, les
travaillant, les fertilisant, espérant que des conditions assez sèches pour ensemencer arriveront plus tôt
que tard.
Quelqu'un nous a donné à chacun un châle de prière, tricoté à
la main.
Jeudi 14. Ce matin avant l'aube, nous pouvions entendre les grenouilles du lac chanter
pour la première fois cette année. Elles ont la voix forte !
Nous avons reçu un CD-échantillon
gratuit de « Cistercian Voices », un nouvel ensemble de 3 CD. C'est pour le 900ème anniversaire de
la Fondation de Clairvaux et la maison de disques nous souhaite un joyeux anniversaire. Les moines et nonnes enregistrées
au cours des offices sont de monastères de langue française, allemande et espagnole, en plus d'une incursion
en Italie (Valserena).
Les champs sont en train d'être fertilisés avec fumier de poules, donnant une
fraîche ambiance de campagne dans le voisinage.
Vendredi 15. Pour l'anniversaire de père
Roger, il y avait un gâteau au chocolat. Dom Clément, l'abbé de Mistassini, est arrivé en fin
d'après-midi. Il est notre Père Immédiat et est venu faire un tour pour voir comment vont les choses,
et pour nous encourager. La semaine prochaine il visitera Dom Bède, père Maurice et frère Henri à
Dieppe.
Samedi 16. Dom Clément nous a parlé au chapitre. Ça fait du bien de l'avoir
avec nous une fois de plus. Aujourd'hui, il rencontrait chacun de nous individuellement.
Père Innocent travaille
le sol et plante son potager. Récemment, il est obligé de sortir moins souvent pour faire du feu dans la fournaise
de la serre.
Frère Stephan continue le soudage du camion de fosse septique rénové, tout en supervisant
les préparations des champs pour la plantation, et tout le reste. Certains champs sont tout près du monastère.
D'autres sont à courte distance de voiture. Nous avons pu voir des visages familiers au volant des divers équipements
agricoles, et aussi quelques nouveaux.
Dimanche 17. Nous avons eu un temps anormalement chaud ces jours-ci
: espérons que cela aidera à l'asséchement du sol. Aujourd'hui, il pleut. Dom Clément
présidait la messe dominicale. Les moines visiteurs étant assez rares, il est toujours intéressant d'entendre
une voix différente.
Lundi 18. Père Roger va chez les Sœurs
cette semaine ; ce sera la dernière semaine pour nous de remplacer Père Clovis, leur aumônier. À
la messe, deux prêtres de plus sont présents : père Alphonse Richard et père Léopold Leblanc,
ici en retraite.
Nous recevons une subvention du gouvernement fédéral pour offrir à un étudiant
un emploi d'été. Cette année, un étudiant de 10e année a commencé son travail
en nettoyant des branches tombées sur la pelouse.
Les environs reverdissent bien. Joliment jaune, les pissenlits
sont plus vigoureux que jamais.
Mardi 19. Nous avons reçu quelques centaines d'intentions
de messe de la paroisse voisine. Les temps changent : nous recevions jadis quantité d'intentions de messe, si bien
que c'est nous qui devions les redistribuer. Frère Michael a dessiné quelques croquis d'encadrements
possibles pour la nouvelle enseigne de L'Abbaye du Calvaire, à l'entrée de notre route. Chaque version
paraît bien. L'enseigne aura belle allure contre un paysage plutôt austère.
Père Adrien
se porte de moins en moins bien. Père Graham lui a donné l'Onction des Malades, ce matin. Aujourd'hui,
les Infirmières estimaient qu'il ne vivrait pas beaucoup plus longtemps, mais elles ne pouvaient que deviner ;
personne ne le sait. Le foyer où il réside est remarquablement semblable à la maison. Les membres plus
âgés de la famille d'Adrien, marchent dans les mêmes couloirs. Régulièrement, de vieux
amis passent le visiter.
À la ferme, un taurillon engendré de race Normande est né. Il s'agit
du deuxième Normande, mais nous devons encore produire une femelle.
Mercredi 20. Après
Vigiles, un orage électrique illuminait les fenêtres de la chapelle, alors que nous étions assis en prière
silencieuse. L'orage fini, les grenouilles du lac se sont mises à chanter avec plus de vigueur que jamais : peut-être
aiment-elles ces tempêtes ? Père Innocent se rend à Saint-Jean pour y entendre les confessions. Lors d'une
promenade juste en face de l'hôtellerie, l'abbé Alphonse Richard a remarqué quelques crosses de
fougères poussant sur notre propriété. Il les a cueillies pour nous les offrir pour le dîner.
À 14:00, Père Adrien est décédait paisiblement au Foyer Assomption. Sa famille était
présente. Frère Michael s'apprêtait à lui rendre visite. Peu de moines ont été
ou seront présents à autant de moments de l'histoire du Calvaire comme l'a été Adrien.
Chercheur honnête, cœur tendre, plein d'entrain.
Jeudi 21. Nous célébrons
les offices et la messe pour Adrien. Il s'agit du premier décès en neuf ans. À Moncton, frère
Henri a fait sa visite annuelle à un médecin qu'il avait vu beaucoup plus souvent, lorsqu'il était
moins bien. Les Infirmières se souvenaient de lui et étaient heureuses de le saluer. Ici, dans nos couloirs,
les tr availleurs de géothermie ont recommencé à travailler.
Vendredi 22. L'accueil
du corps de père Adrien a eu lieu à 02:00. Quelques minutes plus tard la famille et les amis ont commencé
à arriver. Au moment où nous entrions dans la chapelle pour Complies, sa famille y parlait joyeusement.
Samedi 23. Notre archevêque Valéry Vienneau a présidé les funérailles.
L'archevêque émérite, André Richard, était à ses côtés. L'église
était pleine. Dom Bède a donné la bénédiction finale. Les visiteurs qui n'avaient pas
encore rencontré la famille d'Adrien ont été frappés de leur gaieté.
Dimanche
24. En après-midi, Père Roger est allé se promener. A l'est du monastère, se trouve
l'ancien ermitage de Frère Henri. Père Roger a constaté que la neige avait séparé le
porche de la maison.
Lundi 25. Nous apprenions, hier,
que peu de temps après que nous ayons vu Dom Bède, samedi, il était admis à l'hôpital
de Moncton pour sa vésicule biliaire. Il doit être opéré aujourd'hui. Hier aussi, dans la soirée,
commençait notre retraite annuelle. La retraite de cette année nous est prêchée par le Père
Jean-Marc Laporte, un jésuite d'Edmunston, œuvrant actuellement à Halifax. Nos conférences
sont à 09:00 et 16:30. Frère Stephan suggère que nous travaillions un peu moins, pour lire, prier et
nous reposer davantage durant la retraite.
Mardi 26. La plus récente phase des travaux de géothermie
nous vaut des sons de gargouillements étranges, forts, ainsi que des bruits de claquement, de forage. Comme on dirait
à Miramichi : let er rip, les gars ! À Moncton, il s'est avéré que la chirurgie de Dom Bède
n'a pas eu lieu hier, mais a été reportée à aujourd'hui. Nous prions pour lui. Père
Jean-Marc commence bien. Il nous donne une vue jésuite du pape Francis, lui-même jésuite.
Mercredi
27. Ce matin nous avions de bonnes nouvelles de la chirurgie de Bède, bien que longue, elle s'est bien
passée. Ceux qui le voyaient cette semaine ont été encouragés de le trouver bien, considérant
la chirurgie qu'il venait de subir. Côté géothermie, l'installation du nouveau transformateur
a débuté ici : Père Innocent a dû se rendre à Moncton pour y prendre du matériel
à cet effet. Cet après-midi, un camion de matériel de traite arrivait à la grange comme la traite
terminait. Une petite entreprise locale nous offre une pléthore de matériel de nettoyage et de traite, tout
alignés le long de l'intérieur de ur calemion. Aujourd'hui, nous utilisions une brosse spéciale
pour le nettoyage des murs de la salle de traite. Avec des températures à l'extérieur s'élevant
à 86° Fahrenheit, les fournisseurs de matériel regrettaient que l'air climatisé de leur camion
ne fonctionnait pas.
Jeudi 28. Père Serge Comeau était ici pour la messe. Comme beaucoup
de nos amis, il ne semble pas vieillir. Le nouveau transformateur est maintenant dans notre petite salle électrique.
Juste de bonne taille, il est suspendu un peu au-dessus du sol. Père Laporte dit qu'il n'a jamais eu à
donner des conférences d'une demi-heure à deux doses par jour, comme il le fait actuellement, mais semble
quand même y être habitué. Aujourd'hui en parlant de la vision de l'évangélisation
de Francis dans Evangelii Gaudium, il fait remarquer que c'est une image de la vie dans la ville : des endroits comme
Rogersville ne semblent pas se trouver sur la carte d'Evangelii Gaudium. Il dit que la prochaine encyclique environnementale
du pape Francis sera probablement le lieu où le pape parlera des communautés rurales en s'adressant à
elles.
Vendredi 29. Dom Bède fait un heureux retour, de l'hôpital à Dieppe.
Père Clovis a récolté des lilas qu'il a ramenés à l'intérieur. Le frère
du Frère Léo et son épouse sont là pour le dîner. Le réservoir à lait dans
la laiterie a débordé parce que le lait n'avait pas été ramassé à temps. Ainsi,
trois traites consécutives signifient que le lait de six vaches n'a pu être conservé.
Samedi
30. Comme la retraite se terminait, Père Aaron Knox nous a rejoint pour les prières et Père
Jean-Marc a présidé la messe, mélangeant son propre style de présider au nôtre. À
l'élévation du Saint-Sacrement, juste avant le Notre Père, il a chanté "Par lui, avec
lui et en lui" sur une mélodie que beaucoup d'entre nous n'avions pas entendue depuis fort longtemps :
une musique pour la Messe qui semble bien cadrer et est plaisante.
Dimanche 31. Ce soir, les chats
de la grange sont bien détendus devant les grandes portes de la grange par où le foin entre et sort,
tandis que plus à l'est les vaches de l'étable des génisses paissaient dans leur grand champ.
Combien de chats avons-nous présentement ? C'est là une des questions plus difficiles de la vie monastique.
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