AVRIL 2015
Mercredi 1er
Père Roger porte maintenant des lunettes. Quand il les a, il ressemble un peu aux moines de Val Notre-Dame (Québec)
; la barbe aidant Un vieil ami de la communauté est arrivé aujourd'hui comme observateur pour trois
semaines dans la communauté : Paul Leger était juste à temps pour entendre l'évêque
anglican de Fredericton, David Edwards, nous parler au chapitre et répondre à nos questions. Mgr David est certainement
lucide et positif quant à son rôle, qu'il a commencé il y a six mois. C'était un des meilleurs
entretiens que nous ayons eu. Jeudi 2. Nous avions une classe de chant
plus longue que d'habitude, ce matin, donnée une fois de plus par frère Stephan, alors que Dom Bède
donnait des indications sur le déroulement de la Messe de la Cène du Seigneur. Lors de cette messe, il y a des
chants spéciaux pour le temps du lavement des pieds. Vendredi 3.
Après dîner, Innocent et Bède se rendaient voir le père Adrien, qui a apprécié le
geste.Bien que ce soit pour des raisons pratiques, avoir les célébrations plus tard qu'ailleurs dans l'après-midi,
semble leur donner davantage d'impact, en partie à cause d'un bon temps de recueillement avant la prière.
Aujourd'hui et hier, la liturgie a débuté à 16:45. Il y avait pas mal de gens dans la chapelle ce
soir. Samedi 4. C'est parfois l'I.P.E. qui nous fournit des invités
de première classe, mais pour la semaine sainte, nous accueillions deux néo-écossais à la place.
Ce matin après Tierce, une dernière classe de chant pour un temps. Étrange mais vrai : il y aura peut-être
encore du mauvais temps ce soir, empêchant une fois de plus Frère Maurice et Père Henry de nous rendre
visite. Dimanche 5. Après quelque vent et de la neige durant la
nuit, la pleine lune est apparue dans un ciel sans nuage. Le bois du feu pascal avait été mis en place dans
la sacristie, mais peu de temps avant 04:30, père Innocent, notre intrépide pompier, dégageait la neige
et la glace devant les portes rouges afin que nous puissions commencer dehors à la place. La veillée pascale
a duré deux heures, à la minute près. Frère Henry et père Maurice sont venus, et Père
Doris également se joignait à la communauté pour le dîner. Après le repas Père Abbé
est allé avec Frère Glicerio à l'hôpital rendre visite à Père Adrien.
Lundi 6. Notre cierge pascal est beau.
Les visiteurs aiment bien s'approcher pour le regarder de près. Nous achetons un cierge neuf, blanc, non décoré.
L'abbé y inscrit les chiffres de l'année avec des pièces en acier, que frère Stephan a
fabriqués dans l'atelier mécanique. Après quelques jours intenses, les moines semblent bien prendre
le rythme de Pâques. Léo frère se remet vaillamment d'une semaine bien remplie à l'hôtellerie.
Malheureusement, frère Léo perdait aujourd'hui sa plus jeune sœur, Jeannette. Nous avions prié
pour elle cette semaine. Au chapitre, Dom Bède annonçait ce matin qu'il participera à la béatification
de Marie-Élisabeth Turgeon, le dernier dimanche du mois, à Rimouski,. L'ordre qu'elle a fondé
à Rimouski, les Sœurs du Saint Rosaire, organisent les célébrations. Mardi 7. Des affiches ont été placées au-dessus des urinoirs au deuxième étage
: l'oncle Sam pointant le doigt vers nous, nous engage à rincer les urinoirs. « American influence »
partout ! Il semble que les travaux de géothermie devront attendre la fonte de la neige autour du transformateur
sur la pelouse avant, pour qu'ils puissent y augmenter la puissance. Une rétro-caveuse a dégagé
la neige autour de la grange, surtout à l'entrée du tunnel sous la route que les vaches utilisent pour accéder
à leur pâturage. Mercredi 8. Frère Stephan a été
occupé avec réparations. Le réservoir du camion-citerne de la fosse septique est sur le dos dans le garage,
la moitié du bas est enlevée, pour être remplacée par une section nouvellement construite. Jadis,
nous avions une petite entreprise de vidange des fosses septiques des environs. Disons que ce n'était pas une source
de gros profits ! Aujourd'hui nous utilisons ce camion pour le fumier liquide de la grange. Jeudi 9. Frère Glacerio construit un solide banc de bois pour la traite. Comme nous sommes quelques
pieds plus bas que les vaches, il faut parfois s'étirer pas mal. Nous utilisons quelques nouveaux chants pour le
temps pascal. Frère Stephan en enregistre une interprétation qu'il envoie par courriel aux membres de la
schola. Ainsi, ils peuvent le pratiquer avant un premier usage. Il y a encore d'autres hymnes nouvelles dans notre hymnaire
toujours en attente d'un premier essai. Paul Leger, notre aspirant, a décidé que le monastère n'était
pas pour lui, et retournait au Massachusetts aujourd'hui. Vendredi 10.
À notre insu, Dom Bede a été conduit à l'hôpital dans la nuit ; nous n'avons
su pourquoi que plus tard dans la journée. Ce fut donc une journée inhabituelle. Il s'avère qu'il
a des caillots de sang aux poumons et devra rester à l'hôpital de Miramichi pour les prochains jours. Il
a téléphoné à la mi-journée pour dire que son état ne devrait pas être bien
difficile à traiter. Samedi 11. Père Roger a réapparu
après une grippe de 24 heures. Père Adrien est toujours à l'hôpital et va bien. Il y a peu
de nouvelles récentes de Bède ; l'hôpital s'occupe tranquillement à éliminer les
caillots de sang. Nous avons prié pour lui et je pense qu'il doit prier aussi pour nous. À le voir, quelques-uns
d'entre nous ont pu être rassurés. Il se sent assez bien pour être diverti par l'éternel
spectacle de la salle d'urgence, quoiqu'une chambre serait plus agréable et plus reposante. A mesure
que la lumière change dehors, on peut mieux apercevoir les arbres de l'autre côté du lac. On a l'impression
que la neige perd du terrain et que les arbres, l'herbe et autres végétaux vont bientôt gagner. Dimanche 12. Peu avant Laudes, frère Michael allumait le cierge pascal.
Sur un pied télescopique fait à la maison, celui-ci balançait devant-derrière. Nous comprenons
ce que tu dois ressentir, cierge pascal !
Lundi 13 - Un acheteur
de foin, ce matin, déplaçait deux grosses balles rondes sur une remorque de sa camionnette. Ce qui reste de
neige autour des pommiers est maintenant assez durci pour s'y tenir debout suite à une fonte partielle, facilitant
ainsi le travail de père Clovis au verger. Lorsque les conditions sont bonnes (ce qui est rare), c'est un plaisir
pour certains voisins de pouvoir aisément, circuler à pied, toujours en hiver, dans les bois et n'importe
où. Mardi 14 - Bonne nouvelle : Dom Bède est sorti de l'hôpital
surpeuplé. Après avoir remercié le personnel de l'hôpital, il était de retour juste
à temps pour le dîner : personne à table ne savait qu'il était en route pour revenir, et ont
donc été agréablement surpris de le voir arriver. Bède trouve le monastère plus reposant
que l'hôpital, surtout en raison de la civière où il devait dormir. Mercredi 15 - Dom Bède a pris un bon départ, reprenant graduellement ses activités (la
marche en particulier), à mesure que les anticoagulants font leur effet. Notre grand congélateur est tombé
en panne totale, ce soir, obligeant père Roger et frère Glicerio à disperser son contenu dans les congélateurs
plus petits, avec l'intention d'utiliser rapidement les tomates congelées. Il est à craindre que nous
aurons besoin d'un nouveau compresseur. Jeudi 16 - Dom Bède
se rendait à Dieppe, ce matin, pour passer un peu de temps de convalescence à la résidence où
vivent père Maurice et frère Henry. Les plants que père Innocent a commencés à l'intérieur
de la maison ont si bien poussé qu'il doit maintenant les transplanter dans la serre. L'indispensable conduite
d'eau sous la route est gelée ; donc cette semaine il a dû travailler à sa décongélation.
Laissés tels quels, certains de ces tuyaux sont parfois restés gelés jusqu'en juin ! Père
Adrien a fait une tournée de l'hôpital en fauteuil roulant, aujourd'hui. La cafétéria,
au dernier étage, offre une vue magnifique sur la rivière Miramichi. Au soleil, il pouvait observer la circulation
sur le pont de Miramichi. Vendredi 17 - On craignait une inondation au
sous-sol de l'hôtellerie, suite à tous les creusages pour la géothermie, mais jusqu'ici, tout
va bien. Les oiseaux commencent vraiment à réapparaître. Nos sœurs, à proximité, ont
normalement, grâce aux mangeoires, une diversité d'oiseaux plus spectaculaire dans leur cour. Des gens
du ministère du tourisme du Nouveau-Brunswick étaient de passage récemment et ont parlé à
notre brave Joline. Déjà en 2009, nous avions brièvement envisagé de créer, sur la pelouse
avant, un musée du monastère, et certains membres du Ministère étaient venus à ce moment-là.
Des gens sympathiques ! Steve a dû se rendre au Québec par affaire pour l'entreprise agricole ;
nous n'étions donc que six à la messe, ce matin. Samedi 18
- Frère Stephan est revenu d'une recherche réussie d'équipement de ferme usagé au Québec.
Alors que la température s'est réchauffée pour de vrai un jour seulement, certains de nos voisins
ont soigneusement raclé et déblayé leurs cours qui sont maintenant sans neige. Toujours à l'hôpital,
le père Adrien a décidé de se laisser pousser la barbe, et il paraît bien. Dimanche 19 - Alors que nous étions heureux du retour de Bède, il est moins heureux de nous
retrouver sans lui encore une fois ; mais les choses vont bien, tant ici qu'à Dieppe.
Lundi 20 - Dom Bède
est bien installé dans une chambre ensoleillée à la Résidence, à Moncton,. Présentement,
P Maurice y célèbre la messe, avec Dom Bède et P Wesley Wade concélébrant. Bède
dit qu'il se sent mieux à certains jours Tout semble bien aller. C'est plaisant de le voir à table avec
Maurice et Henri. Rémi a été vu grimper la pente du lac, cet après-midi : le tuyau de drainage
de la grange était bouché, il fallait donc descendre et le dégager. Mardi 21 - Un technicien est venu aujourd'hui concernant le nouveau compresseur pour le grand congélateur.
C'était juste au moment où les aliments revenaient du réfectoire à la cuidine et il a pu chiper
un morceau de pain aux bananes. Hier, il était ici à temps pour le pouding au pain. Ce soir, pour la première
fois, il y a de la fumée dans la cheminée de la serre. Mercredi
22 - Dans son introduction pour la messe de la Bienheureuse Maria Gabriella, moniale de notre Ordre, Père
Innocent a parlé de l'importance de vivre et de prier dans l'unité, surtout maintenant où, dans
plusieurs pays, des chrétiens sont tués tout simplement pour leur appartenance au Christ. Père Innocent
a transplanté avec succès ses plants de tomates dans la serre ; un bon début ! La serre a été
construite avec des panneaux de verre que quelqu'un nous a donné, il y a bien des années. Frère Michael
dut aller à Miramichi, cet après-midi, y chercher l'outillage nécessaire pour tailler les tuiles
de la boulangerie. Jeudi 23 - Le grand congélateur est de nouveau
en panne ; le technicien est donc revenu ; cette fois, il eut un dîner complet ! L'entretien
est donc un bon métier ! Dom Bède s'est rendu aujourd'hui à Miramichi pour participer
à l'évaluation en vue du congé de père Adrien. La présence de Bède a dû
signifier beaucoup pour Adrien. À Downton Abbey, ce soir, il y avait une scène que frère Léo
devrait regretter d'avoir raté : Lady Mary a dû passer pratiquement toute une nuit à transporter de
l'eau pour les cochons ! Vendredi 24 - Un ami prêtre est venu
faire une retraite. Compte tenu des présentes contraintes, nous ne les voyons plus aussi souvent que jadis à
notre hôtellerie. Dehors, c'est frisquet mais bien, dehors. La demi-heure avant l'aube (avant que les nuages
et le lac glacé ne dominent) est parfois la partie plus belle ou la plus intéressante de la journée à
l'extérieur. Samedi 25 - L'équipement que frère
Stephan trouvé au Québec est arrivé, grâce à une bonne entreprise de camionnage et un peu
d'aide des amis agriculteurs. Les oies sont revenues, volant au ras du sol. Comme bien peu de surface du lac était
libre de glace, elles sont allées ailleurs. Dimanche 26 - Au dîner,
nous écoutions un CD d'archive de musique instrumentale du sud des Appalaches. Frère Léo a été
surpris par la variété des sons musicaux distincts et riches, comme le tympanon ou le banjo fretless et il se
demandait ce que tout cela pouvait bien être : en fait, quelqu'un a fait le voyage là-bas, dans les
années 1950, avec un magnétophone, et a enregistré les gens jouant comme ils l'ont toujours fait
chez eux.
Lundi 27 - Frère
Léo a maintenant lu la vie de sainte Thérèse de Lisieux, celle de sa sœur Céline et une
autre de leur sœur Léonie et encore une de leur sœur Marie. Maintenant, il veut compléter le dossier
en lisant aussi la vie de leur sœur Pauline, mieux connue sous le nom de Mère Agnès. Nous ne semblons
pas avoir cette biographie ici, mais nous allons continuer de chercher. Mardi
28 - Frère Michael a vidé le local d'électricité de l'hôtellerie pour libérer
de l'espace nécessaire à la mise à niveau du chauffage géothermique. On y trouvait «
entreposé » un cadre de lit, une enseigne EXIT inutilisée, des pièces de conduits, des sections
de tuyau, un moteur, quelques vieux téléphones... Nos deux aigles ont été plus en évidence
autour du lac. Un de nos employés de la ferme prétend qu'ils sont juste là en attendant le temps
de commencer à capturer le saumon sur la Miramichi. Il ajoute également en plaisantant que les aigles pourraient
être tenus de respecter la loi de prise et relâcher ! Mercredi 29
- De petits castors... certains disent que ce sont des loutres... d'autres disent encore des rats musqués... ont
été vus sautant par les ouvertures dans la glace sur le lac. Joline, qui était à la recherche
d'une ampoule, dit qu'elle a aperçu un autre petit animal près des ampoules. Ce n'était pas
une souris - trop gros - ni un rat, apparemment. Serait-ce une belette ? Dehors, le climat plus doux d'avril nous a permis
d'assister à la sortie des chats de la grange, tels qu'ils ressortaient de leur tanière. Ces nobles
chasseurs mènent une vie qui leur est propre. Un chat noir en particulier serait difficile à ne pas aimer, même
pour qui n'aime pas les chats. Pour compléter le rapport sur la faune, père Clovis, selon Joline,
a découvert un mystérieux cocon dehors, avec une petite créature qui s'y déplace à
l'intérieur : espérons qu'il ne s'agit d'une activité extra-terrestre. Jeudi 30 - Dom Bède est de bonne humeur à Dieppe, et bien sûr en bonne compagnie.
Nous avons commencé à regarder un documentaire ce soir sur le mouvement écologiste: « Journées
de la terre ». Bien qu'il donne une très bonne idée de l'histoire (aux États-Unis) et
que la douleur exprimée est légitime, la musique avait un ton un peu tragique, donnant au film une allure de
propagande.
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